Comment être un codeur serein

codeur serein

Pendant mes 12 années de développement web, malgré les moments de stress et les échéances parfois serrées, je suis resté zen. Oui, il y a eu des moments plus difficiles que d’autres, mais je n’ai pas cédé à la panique. Même quand j’ai été formateur, avec de nouvelles formations à donner, des questions inattendues ou une démo qui ne fonctionnait pas. Même ensuite en tant que manager, puis directeur technique, avec des équipes, des contextes, des clients et des problématiques variées. Régulièrement, des personnes m’ont demandé ma recette. Après réflexion, je pense que ma sérénité vient de 3 attitudes clés. Si vous aussi vous souhaitez être un développeur zen, je vous recommande de prendre les habitudes suivantes.

 

La simplicité1 : faire simple

Mon premier principe pour rester zen lorsque je code c’est la simplicité ! Vous pourriez me répondre que c’est trop facile, détrompez-vous, cela n’a rien de trivial ! Il faut une vraie démarche consciente pour rester simple.

J’y vois 3 aspects distincts, que je vais vous expliquer séparément :

  1. La simplicité dans les échanges avec les différents interlocuteurs (collègues, clients, utilisateurs…). Cherchez toujours à faire des choses simples, à fournir des explications simples à comprendre, ou à demander des informations suffisamment claires. Si vous ne comprenez pas et que c’est trop compliqué, n’hésitez pas à demander des clarifications ! Vous devez absolument comprendre le besoin de votre utilisateur, cela doit devenir simple dans votre esprit ! Attention, ne pas confondre simple et trivial. Je n’ai pas dit simple à faire. La simplicité dont je parle, qui porte avant tout sur la bonne compréhension réciproque, demande plus de travail, beaucoup plus de travail. Vous devez vous assurer que vous donnez suffisamment d’information tout en vérifiant que vous en avez assez.
  2. La simplicité du logiciel. Posez-vous la question : est-ce que les utilisateurs novices sont plus rapidement autonomes sur des Mac d’Apple ou sur des PC Windows ? Je ne pense pas qu’il soit utile de rappeler que la simplicité d’usage est très importante pour le plus grand nombre. Cela nécessite de ne pas proposer toutes les options, de se concentrer sur ce dont l’utilisateur a vraiment besoin ! Commencez par comprendre votre utilisateur, et répondez à son besoin, uniquement à ce besoin ! Je vois trop souvent des développeurs qui proposent pleins d’options supplémentaires non demandées. Cela donne une interface compliquée à utiliser et un risque plus grand de ne pas répondre au vrai besoin, voire d’avoir des bugs supplémentaires. Rien à voir avec le zen ? Bien au contraire, vous pouvez être sûr de ne pas vivre un quotidien très serein si vous faites des interfaces et des logiciels trop fournis et trop complexes. Vous créez vos propres problèmes. Restez simple, limitez-vous à ce dont l’utilisateur a réellement besoin !
  3. La simplicité dans le code et l’architecture de l’application. Garder un code simple, facile à lire et à comprendre, est utile pour toute autre personne qui doit reprendre ou corriger votre code, même vous ! Car oui, dans quelques mois, vous serez comme un étranger vis-à-vis de votre propre code. Alors, rendez-vous service : gardez un code simple ! Là aussi, vous devez travailler plus pour obtenir ce résultat. Cela nécessite souvent une phase de refactoring (réorganisation du code) à la fin de chaque tâche, de chaque fonctionnalité et même en fin de projet. Finalement, nous avons une bien meilleure compréhension de ce qu’il y a à faire quand nous avons terminé. C’est donc le meilleur moment pour retoucher l’organisation du code pour gagner en lisibilité, en simplicité.

Ces 3 aspects semblent éloignés les uns des autres, mais gardez bien en tête ce premier principe qui résume tout : faites simple, dans tous les aspects. L’informatique, et plus particulièrement le développement logiciel, est largement assez complexe, inutile d’en rajouter !

 

Exercice pour rapidement en faire une habitude :

Tous les soirs, faites une liste des sujets sur lesquels vous avez fait simple et de ceux sur lesquels vous auriez pu faire plus simple. Attention, couvrez les aspects communication, utilisabilité et architecture du code. Bien sûr, n’attaquez pas tout de front, commencez par un des aspects et petit à petit progressez sur les autres. Le changement d’habitude prend du temps.

 

Rester alerte2 : rester opérationnel

Je me souviens d’une nuit, vers 3 h du matin, alors que je travaillais sur un programme informatique avec un collègue, celui-ci s’est endormi sur son clavier ! Sans crier gare, la fatigue l’avait emporté. Il était assis juste à côté de moi, et je ne m’étais rendu compte de rien tellement j’étais plongé dans mon propre code. J’étais également très fatigué et je n’allais pas tarder à m’effondrer moi aussi. C’est pourquoi je l’ai réveillé et nous sommes partis prendre du repos, de manière bien plus confortable et efficace qu’assit devant un bureau, les bras croisés sur un clavier d’ordinateur. Le projet était à rendre rapidement, nous nous sommes donc retrouvés au bureau très tôt le lendemain pour le finir…

Je me rappelle m’être posé cette question : à quel point sommes-nous réellement efficaces en travaillant plus ? Sur le papier, travailler 15 à 17 h par jour vous permet de réaliser l’équivalent de deux journées en une seule. Seulement, dans la réalité, est-ce que ce volume de travail a la même valeur ? Est-ce que nous n’avons pas plus de mal à identifier ce qu’il faut faire au bout de 10 h ? Est-ce que nous ne rajoutons pas trop de défauts dans notre code ? Autant de choses qui vont augmenter la durée des tests et le temps passé à corriger tous les défauts trouvés ?

Cette question, je dois vous l’avouer, n’a rien à voir avec la programmation logicielle. C’est valable en informatique comme dans de nombreux autres domaines. Je me l’étais déjà posée pendant mon second semestre en DEUG A. J’avais complètement échoué au premier semestre, il faut dire que je n’avais rien travaillé, et j’étais bien décidé à réussir mon année. Je devais assimiler deux semestres en un seul, j’ai donc augmenté mon temps de travail tout en cherchant un bon rendement. Travailler 18 heures pour ne garder le bénéfice que de 2 heures réelles ne m’intéressait pas !

Mon second principe est là, et c’est vraiment personnel à chacun : rester opérationnel, et donc, rentabiliser au maximum votre temps de travail. À travailler 7, 10 ou 15 heures par jour, autant que ce soit des heures efficaces. De plus, cela vous permet également de maximiser votre temps libre Winking smile.

Pour cela, avec le temps, j’ai trouvé plein de petites choses qui fonctionnent pour moi. Je vous donne ici mes 3 meilleures astuces :

  • Marcher. Oui, c’est tout bête, mais rudement efficace. Quand j’ai une petite baisse de forme, je vais marcher 5 minutes ou plus, de préférence en extérieur. De manière surprenante, cette petite dépense physique nous donne un bon coup de fouet. En plus, depuis que je me suis mis à faire cela, je dépasse les 10 000 pas/jours, ce qui est également très bon pour la santé Smile.
  • Bien boire. Savez-vous que lorsque votre corps manque d’eau, il fonctionne au ralenti et vous ressentez une petite fatigue ? Pensez-y, la prochaine fois, avant de prendre votre énième café. Depuis que j’ai découvert cela, j’ai remplacé le café par l’eau et cela fonctionne bien mieux. Oui, vous avez bien lu : je suis plus alerte et éveillé en ayant remplacé le café par l’eau. Pour votre information, je bois 2 à 3 litres d’eau par jour, en dehors des autres apports et boissons. Je n’ai pas trouvé de volume d’eau quotidien recommandé ni d’étude scientifique sur le sujet. Si vous avez des informations plus précises, n’hésitez pas à les partager en commentaire. En attendant, je vous recommande de veiller à bien boire. Testez quelques jours, vous verrez vite si cela améliore votre capacité de travail.
  • S’écouter, mais pas trop. Oui, je suis d’accord avec le fait de se pousser au maximum. C’est un bon moyen de faire avancer vos projets, mais c’est surtout le meilleur moyen de progresser. Il s’agit là du meilleur investissement qui vous puissiez faire : vous-même ! Par contre, il faut vous connaître et savoir quand vous êtes trop près du point de rupture. Aller se reposer est nécessaire et vital pour que vos projets avancent et que vous ayez des résultats, ne l’oubliez jamais ! Donc, pour progresser, bougez-vous, et pour le faire durablement tout en restant zen, ménagez-vous aussi Winking smile.

La programmation est un acte de création, vous avez besoin de toute votre capacité de concentration pour être efficace. Les quelques baisses de régimes se payent en retard et en bug avec d’autres retards à la clé. Assurez-vous d’avoir un bon niveau de forme et de le maintenir avec ces astuces toutes simples, vous serez bien plus efficaces dans votre travail quotidien, et donc plus zen.

 

La programmation, un acte de création ?

Si le code existait déjà, vous auriez juste à faire un copié-collé, ce qui ne nécessite pas de concentration. La partie vraiment utile d’un code est un vrai acte de création, souvent à partir de briques existantes, c’est vrai, mais il faut tout assembler intelligemment, voir même, souvent, modifier des parties.

 

Exercice pour rapidement en faire une habitude :

Là encore, tous les soirs, posez-vous la question de la gestion de votre énergie tout au long de la journée. Avez-vous eu des moments de fatigue ? Comment les avez-vous gérés ? Qu’auriez-vous pu faire mieux ? De plus, choisissez un objectif d’amélioration pour le lendemain.

 

Transparence3 : la transparence

Certains développeurs ont tendance à garder des informations pour eux. Leur raison : garder un temps d’avance et mieux gérer leur communication, le tout dans le but de rester tranquille. Si au début, ou pendant une courte période, cela fonctionne bien, je suis convaincu que sur la durée cela crée au contraire des problèmes et du stress supplémentaire. En effet, il faut avoir une très bonne mémoire pour être capable de continuer à communiquer des choses qui ne correspondent pas à la réalité. Sans parler des gaffes, inévitables, qui vous mettent dans l’embarras et vous poussent peut-être même à mentir. De plus, j’ai constaté que ce genre de pratique est toujours, tôt ou tard, découverte par l’entourage. Typiquement en période d’urgence, quand il y a des problèmes utilisateurs à résoudre rapidement, vous aurez du mal à gérer le problème tout en ayant une communication décalée qui reste cohérente avec tout ce que vous avez pu dire ou faire avant. De plus, de nombreux aspects de notre travail sont peu ou pas prévisibles. Vous ne savez pas quels problèmes de développement vous allez rencontrer. Vous ne savez pas comment les attentes utilisateurs vont évoluer. Dans ce contexte changeant, j’ai constaté que la transparence est certainement notre meilleure alliée pour rester zen.

Un exemple concret où j’ai appliqué la transparence dont je parle ici. Au début d’un gros projet, avec l’aide d’un collègue connaissant le métier, nous avons estimé le temps de création du logiciel. Cette estimation était très grande : plusieurs années/hommes. Certains développeurs n’aiment pas donner une estimation, mais ils sont bien obligés de le faire. Ils ne donnent alors que l’estimation, car, généralement, ils veulent masquer qu’ils ont pris des marges de manœuvre.

Fidèle à mon habitude de transparence, j’ai communiqué :

  • l’estimation,
  • la méthode utilisée,
  • les hypothèses de base,
  • et les marges de manœuvre que nous avions prises.

J’ai également indiqué que concrètement nous n’avions pas beaucoup de certitude, que nous verrions avec le temps et que nous pourrions rapidement réajuster si nécessaire. Grand bien nous en a pris. Deux mois plus tard, nous nous rendions compte que notre estimation était erronée, le projet serait 2 fois plus long ! Vous imaginez bien que le management n’a pas été très heureux de la nouvelle. Nous avons eu quelques moments difficiles à passer. Seulement, comme nous l’avions fait en équipe et comme nous avions été totalement transparents sur ce que nous avions fait, personne ne pouvait réellement médire de nous. Que ce soit dans le but de se faire mousser ou de tenter de récupérer le projet, par exemple. Car s’il le faisait, pourquoi n’avait-il pas réagi au moment où nous avions communiqué nos chiffres et le détail de notre méthodologie ? Dans les faits, ils ne savaient pas plus que nous. Le fait d’avoir été transparent nous a permis d’éviter de gros problèmes par la suite, même si nous nous étions trompés.

Là aussi, vous aurez parfois besoin de courage pour annoncer les choses telles qu’elles sont. Ce n’est pas du tout plus facile. Cela demande plus de temps et plus d’explications. Finalement, vous êtes forcément gagnant :

  • Soit le reste de l’équipe est globalement d’accord avec vous, et en cas de problème plus tard, elle vous soutiendra Smile.
  • Soit quelqu’un a des objections ou remarques. Prenez-les en compte, répondez-y. C’est l’occasion de faire avancer le projet, et même vos compétences parfois (c’est toujours utile). L’important est d’arriver à un consensus.

Précision importante, il ne faut pas être trop transparent. Apportez le bon niveau de détail, ni trop ni trop peu. Recherchez un minimum quand vous découvrez un problème, idéalement il faut que vous ayez 2 ou 3 idées de solutions et que vous connaissiez l’impact de ce problème. Si vous êtes transparent sans avoir réfléchi, vous n’apportez pas de valeur à vos collègues, à votre manager ou à votre client.

Pour être zen sur la durée, il faut avoir du courage et travailler un peu plus maintenant. Il faut accepter de se confronter aux autres, d’écouter les remarques (constructives, ne tenez pas compte des autres) et trouver un consensus.

Exercice pour rapidement en faire une habitude :

Chaque soir, listez rapidement, sous forme d’une liste de points, les cas où vous avez été transparents et les cas où vous ne l’avez pas été. Pour chaque manque de transparence, listez les risques liés à ce manque de transparence et les gains si vous l’aviez été. Soyez honnêtes avec vous-même, vous êtes seuls là devant votre feuille, inutile de tricher. N’oubliez pas, le gain est sur le long terme. Si vous voulez être zen durablement, il faut semer dès maintenant.

 

Comment profiter de cet article au maximum ?

Je vous ai recommandé des exercices pour prendre les bonnes habitudes de votre choix le plus facilement possible. Faites bien attention que :

  • Lire cet article ne suffit pas, même si vous l’avez trouvé bien. Seules vos actions sur les semaines à venir vont réellement changer quelque chose dans votre vie. Mettez en place ces exercices.
  • Ne changez pas tout en même temps ! Nous ne sommes pas des machines, mais des mélanges physico-chimiques où les émotions jouent un rôle très important. Si la tâche vous paraît trop grande, vous allez vite abandonner, même si vous êtes très motivé au début. Commencez par une habitude, une seule, celle qui vous semble la plus simple, et faites l’exercice proposé tous les jours. Quand elle commence à s’ancrer, continuez ensuite avec les autres habitudes.
  • Faites l’exercice au même moment chaque jour, vous aurez plus de chance d’être assidu. Choisissez votre moment : au réveil, au coucher, en début de matinée ou en début d’après-midi. Et surtout, consacrez-y 5 à 10 minutes maximum.

 

Cet article participe à l’évènement « 3 habitudes indispensables pour être zen au quotidien » du blog Habitudes Zen. Je tiens à remercier ici Olivier Rolland pour cette initiative, c’est une très bonne idée. Je suis sûr que cet article au style un peu différent vous sera très utile.

J’apprécie beaucoup le blog Habitudes Zen, il y a de nombreux articles intéressants. Je vous recommande 10 habitudes zen à prendre au quotidien qui complète très bien cet article, notamment l’habitude de relativiser en toutes circonstances. N’oubliez pas que “les cimetières sont remplis de gens indispensables”. Personne n’est indispensable, y compris vous ! Ne prenez pas tout sur vos épaules comme si vous étiez la seule personne au monde.

Nous sommes tous différents, nous avons donc des modes de pensées et des fonctionnements différents. Que pensez-vous de mes habitudes pour rester zen ? En avez-vous d’autres ? Partagez votre avis et vos astuces dans les commentaires.

 

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